L'actualité de la crise : LE SPECTACLE EST PERMANENT, par François Leclerc

Billet invité.

Faut-il faire mine de s’interroger sur la portée de la prochaine réunion de l’Eurogroupe lundi prochain ? Ou l’ignorer pour ne pas prêter le flanc à l’accusation de se répéter ? Une fois de plus, un fossé sépare le flou des décisions des chefs d’État de gouvernement de leur application. Les marchés sont déçus et nous pourrions bien finir par nous lasser ! Le plus problématique des déficits rencontrés s’avère être celui de crédibilité des autorités européennes, désormais bien ancré.

Un nouvel épisode ne contribue pas à leur gloire : celui de la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe, dont le mandat prend fin le 17 juillet. Aux dernières nouvelles, on en était au partage en deux temps de cette responsabilité entre le Français Pierre Moscovici et l’Allemand Wolfgang Schäuble. A condition que Moscovici prenne la première garde, comme le demanderait le gouvernement français… En attendant que l’accord ne se fasse, Jean-Claude Juncker jouera les prolongations. Les nominations occupent il est vrai une part significative des conciliabules; deux restent derrière pendantes au directoire de la BCE et à la direction du MES.

Les séances de travaux pratique à propos de l’Espagne et de la Grèce s’annoncent plus laborieuses encore qu’à l’accoutumée. Le démarrage de l’union bancaire tout autant, dont la première phase – la supervision des banques confiée à la BCE – suscite des désaccords fondamentaux. Au nom du réalisme, Wolfgang Schäuble prévient que celle-ci ne pourra pas être instituée cette année, empêchant un MES – par ailleurs pas encore opérationnel – de renflouer directement les banques espagnoles… C’était pourtant une des grandes décisions du dernier sommet.

L’ensemble du mirifique dispositif d’intégration européenne renforcée prend du retard à peine décidé. Il est déjà évident que les moyens de sauvetage financiers alignés sont avant même d’être disponibles insuffisants au regard des missions envisagées, car celles-ci s’accumulent depuis que la BCE s’est mise en retrait. La clé de voute au dispositif d’intégration européen qu’elle représente fait plus que jamais défaut, tandis qu’elle reconnaît pour la première fois être à court de munitions.

Exemple parmi d’autres du marécage dans lequel pataugent les négociateurs, un de leurs débats porte sur la nature des banques qui devraient faire l’objet de cette surveillance exercée par la BCE : seulement les 20 à 30 plus importantes, ou toutes sans exception ? Le gouvernement allemand s’oppose à ce que la surveillance de ses Landesbanken régionales lui échappe, alors que ce sont les banques de second niveau, comme les Cajas espagnoles, qui sont sont les plus atteintes.

Mario Monti tonne contre les pays du Nord de l’Europe qui parlent inconsidérément et portent selon lui la responsabilité de la hausse des taux italiens, les Pays-Bas et la Finlande se faisant prier pour apporter leur écot au MES sans de très sérieuses garanties en contrepartie.

Insensiblement, le contrôle de la situation glisse du bout des doigts des autorités, et cela ne peut éternellement durer. On retrouve la même impuissance au Japon, avec la suite de la catastrophe de Fukushima, en Syrie avec la continuation de la confrontation et son cortège de victimes civiles qui s’allonge, ou bien encore en enregistrant les dernières manifestations de l’implosion du système financier.

Pour parachever ce tableau, la Chine est stoppée dans son élan par une récession européenne qui s’approfondit, ne pouvant pas jouer le rôle moteur qui lui était à l’origine assigné, tandis que des craintes apparaissent à propos du moteur américain : tournant à bas régime, pourrait-il être relancé s’il calait ?

Les gouvernements allemand et français mènent « un travail constructif » et les Italiens et les Français ont « des relations très confiantes et qui tirent dans le même sens », c’est en tout cas ainsi que nous éclaire Pierre Moscovici, le ministre français des finances. Il a également confirmé la tenue d’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe le 20 juillet, après celle de demain : tant qu’il y a des réunions, il y a de l’espoir.

26 réponses sur “L'actualité de la crise : LE SPECTACLE EST PERMANENT, par François Leclerc”

  1. D’après F. Leclerc, les ministres et dirigeants divers ne sont d’accord ni sur la forme ni sur le fond.
    Méritocratie ou Peterocratie ?…

    1. Ah si c’est Mosco qui est nommé à la tête de l’Eurogroup, on est sauvé !

      Il n’y a pas plus efficace outre emplie de vent que ce grand expert devant l’éternel socialiste de l’économie et, subsidiairement, de la finance…

  2. tant qu’il y a des réunions, il y a de l’espoir.

    Hum, Hum …
    A force de multiplier les réunions de la dernière chance, l’évidence va apparaître au grand jour.

  3. Ouais, bof.
    A chaque fois que je fais un commentaire, je vous influence.
    Y’a de quoi se taire car personne ne peut être vraiment neutre actuellement.

    Et c’est là le plus grand danger et la meilleure solution.
    Comprenne qui pourra sauf les manipulés.

  4. La réunion ? Non. L’arrêt-union. Europe en panne sur une île, violée par le flibustier olympien.

  5. En effet le spectacle est permanent car comme tous les comédiens, ils veulent finir avec la cerise sur le gâteau pour épater les spectateurs mais le problème c’est quand même temps qu’ils continuent à faire rêver les spectateurs, le théâtre est en train de prendre feu et ça ils le savent très bien mais comme ils ne peuvent rien faire contre l’incendie et qu’ils veulent finir leur spectacle, ils ne disent rien sur la vraie situation.

  6. Ce qui est rassurant c’est que l’Eurospectacle continue,un reality show=secret story
    L’audimat est bon et la part de cerveau disponible…vous connaissez la suite

  7. François Leclerc: « tant il y a des réunions, y a de l’espoir ».
    Quand il y a une crise grave au sein d’un organisation ou d’une entreprise, les réunions se multiplient et les discussions aussi. Ce n’est jamais d’une bonne augure. Cela veut dire que des solutions ne sont pas en vue.
    Ce qui m’étonne personnellement: bien que la situation est grave et risque de dégénerer en situation explosive, on assiste à des chamailleries politiques, à des batailles partisanes, chacun fait valoir « sa » bonne récette……On dirait que les gens n’ont pas compris l’impacte des évenements.

    1. Les dessous du spectacle par Nicolas Doisy, chef économiste chez Cheuvreux (Crédit Agricole):
      « <Quand on regarde un petit peu la façon dont se déroulent les élections, dont les marchés perçoivent le problème européen, on se rend compte qu’il y a des chances non négligeables que François Hollande se trouve pris entre deux forces contradictoires : les marchés qui attendent de lui un certain nombre de réformes dites structurelles, qui vont porter sur l’assainissement des comptes publics évidemment, mais aussi des réformes qui sont appelées à rendre l’économie française plus performante. Or, c’est le type de réforme dont très vraisemblablement une partie de l’électorat de François Hollande se méfie, et si vous regardez bien, pour l’instant, François Hollande s’est abstenu de clarifier de façon nette sa position sur ce sujet.
      Et pour cause : il sait qu’il sera pris à terme, à un moment, entre la pression de ses électeurs et la pression des marchés. Déjà on a des investisseurs qui s’étonnent du faible détail des candidats dans leurs programmes, les anglo-saxons que je rencontre me demandent souvent : « Où est le programme ? » Je leur dis : « Il n y en a pas ! », et pour cause, c’est un jeu tactique pour l’instant, le programme on le saura une fois l’élection finie. Et en fait on le connaît déjà, il sera imposé par l’appartenance à la zone Euro.
      Quelles réformes ? J’y viens. C’est le package typique de réformes qui a été imposé à la Grèce, qui est demandé aussi à l’Italie, qui est demandé aussi à l’Espagne, et c’est, si vous voulez, si on fait référence aux années 80, c’est ce qu’on appelle l’économie de l’offre, c’est ce qu’avaient fait en leur temps Reagan et Thatcher. L’Europe continentale a estimé qu’elle pouvait ne pas adopter ce modèle, c’est un choix de société, c’est un choix politique. Il se trouve qu’aujourd’hui le modèle traditionnel français, le modèle du CDI que vous mentionnez est en train d’arriver en bout de course. Il est à bout de souffle, quelque part. Et donc ce qu’il faut faire maintenant, c’est tout simplement le genre de réformes qui a été faite en Espagne récemment."
      Fakir Avril 2012

      1. ..

        . » Et donc ce qu’il faut faire maintenant, c’est tout simplement le genre de réformes qui a été faite en Espagne récemment. »

        …et qui marchent au quart de petit poil ! comme chacun peut le voir …

        ah, on me souffle à l’oreille que justement ils ne veulent pas voir …

        Doisy se met le doigt dans l’oeil jusqu’au coude .

        les déconomistes ne sont pas ceux qu’on croit !

  8. Samedi 7 juillet 2012 :

    Der Spiegel est un grand magazine d’enquêtes et d’investigation allemand, de tendance centre-gauche. Der Spiegel a commandé un sondage, avec notamment la question du sauvetage de l’euro.

    Réponse des sondés :

    – L’Allemagne doit se battre pour sauver l’euro : 41 % des sondés.

    – Je pense que c’est presque inutile : 54 % des sondés.

    http://www.spiegel.de/fotostrecke/spiegel-online-survey-on-attitudes-to-euro-crisis-fotostrecke-84563-3.html

    Le Titanic « ZONE EURO » est en train de couler.

    Chacun doit maintenant rejoindre les 17 canots de sauvetage.

    Chacun doit maintenant évacuer le Titanic « ZONE EURO ».

    1. Mme Merkel n’a pas grand chose à faire de l’opinion publique, même celle de son propre pays, l’important pour elle est de satisfaire les marchés.

  9. Donc la Finlande a obtenu de la Grèce la garantie de rentrer dans ses fonds. Et s’apprête à faire de même avec l’Espagne. Peut-on considérer ces accords comme des créances ? Et dans ce cas, la Finlande pourrait-elle envisager de consolider ces créances par des CDS ? Et à quel taux ?

  10. « des relations très confiantes et qui tirent dans le même sens »
    Oui mais sur qui?
    🙂

  11. Bonsoir,

    Au moins la crise euroique a le mérite de participer à démontrer à la Chine, et à ses semblables, que son mercantilisme n’est pas une pratique pouvant durer indéfiniment.

    Quant à la politique européenne, si les parlottes continuent jusqu’à ce que nous soyons tous tondus jusqu’à l’os, sans que celà ne résolve rien, il parait évident, sinon souhaitable, que ces politiques se poursuivront par d’autres moyens.

    Seigneur prends pitié.

    1. Entendu sur France Inter hier « excellente nouvelle pour la France, preuve de la confiance ».
      Beau comme un vase clos. Ou plutôt la vase, vingt mille lieux sous les mers, la fosse des Mariannes, les abysses, le trou. Misèèère .

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